On dit toujours que dans chaque difficulté, il y a une opportunité. C’est une façon optimiste de concevoir la venue de problèmes, mais c’est souvent le cas. Si c’est vrai, les opportunités vont pleuvoir bientôt : le COVID-19 va générer TOUTE une avalanche d’opportunités! Je ne parle pas évidemment des requins qui profitent des crises pour vendre à prix d’or des produits essentiels. Je parle plutôt des faiblesses que cette crise met en évidence dans l'économie mondiale.
Même si notre réflexion est embryonnaire, force est de constater que la mondialisation est le vecteur principal de la force de cette pandémie. Sans la forte augmentation des échanges touristiques et économiques, le COVID-19 ou tout autre virus du même genre reste confiné à une région relativement restreinte.
Notre réflexion préliminaire porte donc sur deux problèmes qui tombent dans notre futur panier.
Problème 1 : la chaîne d’approvisionnement
Nos chaînes de valeur industrielles sont de plus en plus intégrées à l’échelle planétaire. Si je continue à voir cela comme une bonne chose d’un point de vue de l'efficacité économique, il faut constater les limites humaines du système.
En particulier dans les chaînes de valeur pharmaceutique et agroalimentaire, l’intégration planétaire a démontré qu’on porte flanc à plus de bris dans la chaîne d’approvisionnement, mettant ainsi en danger la santé et la sécurité des populations. Mais, c’est aussi vérifiable dans l’ensemble des chaînes de valeur des secteurs dits « mous ». Il est, en passant, ironique de constater que la pandémie a créé une ruée sur un des seuls produits – le papier de toilette - dont la chaîne d’approvisionnement est très locale!
Notre travail est d’assurer la croissance économique par la création de richesse et d’emplois de qualité. Dans cette logique, le corollaire de cette affirmation a été « d’exporter » les emplois moins intéressants ou les entreprises créant une moindre valeur ajoutée ou une plus importante pollution. La crise éclaire la faiblesse inhérente de cette assertion dans la mesure où le défaut d’un fournisseur étranger peut stopper la fabrication ou la distribution de produits essentiels. Or, collectivement, nous n’avons pas un contrôle politique sur cette décision. On s’aperçoit aujourd’hui à quel point ce « contrôle politique » peut s’avérer vital.
Il faudra donc réviser ce paradigme et rapatrier ces emplois et ces entreprises au nom de la sécurité et de la santé de nos populations quitte à accepter un coût de revient plus élevé pour augmenter la qualité des emplois, les contrôles environnementaux ou les marges de profit de ces fournisseurs devenus soudainement très « stratégiques ». Ce rapatriement se veut d’ailleurs conséquent avec la pratique d’une gestion logistique plus saine et plus écologique en raccourcissant la chaîne d’approvisionnement. À mon avis, le marché de l’ACEUM reste le marché dans lequel le Québec doit intégrer encore davantage son économie. J’ai toujours été un partisan de la mondialisation, mais cette crise, « éminemment prévisible » selon certains experts, force à revoir certains paradigmes en gérant les limites de celle-ci.
Ces limites généreront des opportunités et créeront le développement de chaînes d’approvisionnement très spécialisées et très développées visant l’augmentation de l’autarcie du marché de l’AECUM. Dans cette optique, le Québec peut tirer son épingle du jeu en cherchant les trous des chaînes de valeur les plus stratégiques (pharmacie, chimie fine, biochimie, agroalimentaire, bois, mode entre autres) et en proposant la création d’entreprises qui viendront s’insérer dans une perspective de contrôle politique accru.
Problème 2 : la structure commerciale
Un des secteurs dont l’après-crise transformera radicalement la composition est le secteur du commerce de détail. Déjà largement remis en question par l’apparition des grands cyberdistributeurs, plusieurs pans du commerce de détail verront une profonde transformation. Or, on mesure mal l’effet domino de cette transformation sur l’économie de nos petites communautés. Par exemple, nos centres-villes, déjà fragilisés, perdront-ils tous leurs restaurants? Les petites boutiques des centres commerciaux devront-elles définitivement fermer?
Un petit commerce de détail n’a, par définition, qu’une autonomie financière limitée et survit par un achalandage important. Si le confinement dure plus d’un mois, il est clair que la structure commerciale de plusieurs municipalités et de centres commerciaux entiers sera largement et durablement modifiée.
On réfléchissait déjà à une refonte de la taxation du commerce. La crise doit accélérer cette réflexion. À titre de professionnels en développement économique, nous serons interpellés, tant en amont qu’en aval de la crise. Plusieurs des commerces et services de nos municipalités ont été aidés ou soutenus par les fonds locaux : les défauts de paiement vont se multiplier, il faudra revoir les politiques. Le nombre de locaux vides augmentera, c’est encore dans notre assiette que ces problèmes aboutiront.
Cependant, la situation sera aussi génératrice d’opportunités, de nouveaux entrepreneurs émergeront, la cybervente créera de nouveaux créneaux. Bref, nous devons nous préparer à une veille très serrée de l’économie locale.
Le plus grand défi sera toutefois de proposer un changement radical de la fiscalité municipale. La discussion était déjà largement entamée, mais la crise met clairement en évidence la vétusté presque paralysante du système actuel. Il nous appartiendra de documenter les effets de la crise sur la santé financière des municipalités et d'assurer le monitorage de son évolution.
Des mois occupés en 2020
Notre réseau est particulièrement bien équipé pour appuyer les nouvelles politiques qui permettront de minimiser les effets post-crise, surtout au niveau local. En attendant, profitez de cette pause pour recharger vos batteries, l’après-crise vous sollicitera fortement!
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