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  • Photo du rédacteurLouis Grenier

Le « Bonjour-Ail » ou le bilinguisme en développement économique

« Bonjour-Ail »…j’aime mieux l’écrire comme cela; ça illustre davantage mon propos! L’ail, cela a une odeur, mais c’est grandement bénéfique pour la santé, paraît-il. Donc, on en mange tant et plus, quitte à croquer une menthe après!

Le « Bonjour-Ail » ou la nécessaire connaissance de la langue anglaise, c’est un peu la même chose : le bilinguisme traîne un relent de mauvaise haleine, parce qu’historiquement, être bilingue au Québec c’était souvent abdiquer le français devant l’envahisseur anglais. Mais la connaissance de l’anglais est bénéfique pour la santé de notre économie. Cela ne se discute pas : qu’on le veuille ou non, l’anglais est la langue internationale des affaires.

Même si on est un défenseur inconditionnel de notre langue (et j’en suis un!), il reste qu’une bonne partie de notre travail de promoteur économique consiste à vendre notre région. C’est encore plus vrai si on travaille pour construire et administrer un parc industriel ou si on travaille à l’international. À l’échelle de la planète, c’est l’anglais qui domine largement les communications d’entreprise.


À ce titre, je me souviens qu’au début du siècle, je travaillais pour une ville américaine qui avait retenu mes services parce que je parlais français et qui voulait justement attirer des entreprises de l’Europe francophone. Or, ironiquement, même en France, on m’accueillait souvent en anglais : un anglais très approximatif, mais tout de même en anglais. Ce n’est que plus loin dans la conversation que le français revenait, souvent avec une certaine dose de scepticisme d’ailleurs, comme s’il était incroyable qu’un représentant d’une ville américaine puisse comprendre une autre langue, surtout le français.


Bref, accueillir des investisseurs en anglais, peu importe leur langue d’origine d’ailleurs, c’est faire preuve de respect en affaires. Cette dernière remarque peut choquer certains puristes, mais ce faisant, ce n’est pas la langue du conquérant dont je préconise l’utilisation, mais celle de l’ouverture sur le monde. Je sais : c’est la même, mais mon propos serait identique si la langue internationale devenait le chinois (ce qui ne saurait tarder, d’ailleurs).


Je ne vois donc pas l’accueil du « Bonjour-Ail » comme un relent de colonisé complexé, mais plutôt un clin d’œil qui dit : je parle la langue d’affaires, mais je signale en passant que ma langue, celle qui sera le véhicule de tes activités au Québec, c’est le français. D’ailleurs, le mot « bonjour » est un des mots français les plus connus mondialement.


J’ai toujours encouragé nos membres à parler l’anglais; sinon un anglais parfait, du moins un anglais véhiculaire. Comme l’anglais de M. Trump, par exemple! S’il a pu devenir le président des États-Unis avec un vocabulaire de 500 mots, il n’y a pas de raison qu’on ne puisse vendre le Québec avec le même bagage. Dans ce contexte, le mot « great » semble en particulier absolument important à retenir : « great guy », « great job », « great piece of land », « great company ». ,et même « great again »…


Le « Bonjour-Ail » devient donc un passeport utilisé pour commencer une conversation transactionnelle. Il est vrai qu’on pourrait ne dire que « Bonjour » sans le « Ail » et enchaîner en anglais, paradoxalement surtout quand on accueille une personne que l’on sait anglophone. Dans ce cas, le « Bonjour » prend une connotation un peu exotique : il fait « chic » (en anglais dans le texte).


Mais la combinaison des deux se veut une invitation à inciter l’interlocuteur à utiliser la langue de son choix : c’est donc une politesse. À Bruxelles, on vous accueille souvent dans les deux langues (français et flamand). Ça est pas plus mal, une fois!


Notre travail se veut d’abord un outil d’attraction, même quand on accompagne ou on assiste un entrepreneur local dans le départ ou la croissance de son entreprise. Dans ce contexte, connaître l’anglais, susciter son utilisation ou sa compréhension dans le monde des affaires, c’est ouvrir une fenêtre sur l’économie de la planète. Ce n’est pas – ou du moins ce n’est plus – faire preuve de complaisance indue envers une langue de colonisateur.


Ce temps-là est bien fini. Le corollaire de cette affirmation veut cependant que chacun exerce une vigilance accrue pour promouvoir un français de haute qualité. En fait, ce n’est pas le « Bonjour-Ail » qui menace notre belle langue, c’est le mépris affiché de plusieurs locateurs qui la charcutent et ne la respectent pas. Mais ça, c’est une autre histoire!

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