La logistique est à la mode. Les planètes s’alignent pour favoriser l’expansion d’une nouvelle classe d’entreprises et de bâtiments industriels qui vont peupler les parcs industriels. On ne par le pas ici des « parkings de trucks » dont les aménagistes ont horreur (avec raison), mais bien d’un foisonnement d’entreprises offrant des services de logistique de pointe et des emplois de haut de gamme au sien de bâtiments élégants ou même carrément futuristes.
Nous sommes à l’aube de cette révolution de la logistique qui va favoriser une constellation de nouvelles entreprises dans l’espace logistique. Voyons ensemble les planètes qui s’alignent :
Planète 1 : L’obligation de rapprocher les lignes d’approvisionnement
La pandémie a mis en lumière le danger que constitue un approvisionnement au sein de pays qui ne respectent pas les principes de base de l’économie mondiale en matière environnementale, de respect de l’humain ou d’environnement juridique pour dire les choses pudiquement. Dit plus brutalement, une ligne d’approvisionnement à la merci d’une dictature peut signifier une pénurie d’intrants stratégiques se traduisant par la faillite.
Planète 2 : le coût de la chaîne d’approvisionnement
Cela dit, il n’est pas simple de rapatrier ses lignes d’approvisionnement. La Presse rapportait récemment (édition du 9 mars) que seulement 20% des entreprises sondées par les Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ) pensaient être capables de rapatrier une partie de leur approvisionnement au pays alors que 63% ne prévoient « aucun changement » à leur modèle actuel. 45% des répondants se disent incapables de trouver des fournisseurs canadiens pour leurs « intrants essentiels ».
Or, les coûts des conteneurs ont explosé. Les 300 répondants au sondage parlent d’une perte d’au moins 8 milliards de dollars de vente causée par la flambée des coûts des conteneurs. On me rapportait des coûts multipliés par 10 dans certains cas, sans compter les multiples brisures de la chaîne d’approvisionnement causées par les grèves, les protestations (pont Ambassador), les congestions des routes terrestres et maritimes et les catastrophes naturelles (allo, port de Vancouver!).
Planète 3 : La rareté de la main-d’œuvre
Même en trouvant un fournisseur canadien, la rareté de la main-d’œuvre fragilise cette « victoire » car le fournisseur peine à remplir les commandes et le fait à prix d’or.
Planète 4 : L’émergence de l’intelligence artificielle au service de la logistique
Ironiquement, cette pénurie de main-d’œuvre affecte aussi les transporteurs. La chaîne est donc grugée tant en aval qu’en amont, tant à l’international que dans les circuits intérieurs. Plusieurs outils développés au cours des dernières années pour améliorer l’efficacité (et donc le temps de transit des marchandises) connaissent actuellement un regain notable d’intérêt. Cette panoplie d’outils d’IA vise à contrôler de nouveau le coût global du transport pour le rabattre à des proportions économiquement viables.
Nouvelles sources d’énergie, contrôle des connaissements en temps réel, contrôle à la frontière et même expérimentation des livraisons sans pilote (par drones par exemple) sont autant d’initiatives qui vont profondément changer le monde de la logistique
Planète 5 : l’émergence du commerce en ligne
Le commerce en ligne exige la centralisation de stocks de marchandises variés localisés en des endroits géographiquement stratégiques. On a vu l’émergence de super-entrepôts des géants de la distribution en ligne. Il n’y a qu’un pas entre cette capacité d’entreposage et la possibilité que cette capacité soit utilisée pour l’entreposage de stocks stratégiques éventuels, tant pour les entreprises que pour les gouvernements.
De plus, ces entrepôts ont favorisé l’utilisation d’outils numériques très puissants et certains fonctionnent avec un minimum d’employés et sont donc moins affectés par la pénurie de main-d’œuvre.
Constellation résultante
Donc, à mon avis, une des conséquences les plus importantes de cet alignement des planètes est un changement fondamental de la « logique logistique » qui suppose la fin du « just in time (JIT) ». L’économie mondiale repose sur cette idée que l’entreposage coûte cher et que, par conséquent, la fabrication doit être alimentée par un flux constant et surtout régulier des intrants qui arrivent « juste à temps » à l’usine pour permettre une production continue.
Or, la régularité n’existe plus et plusieurs professionnels de la logistique pensent qu’elle va disparaître à jamais. Sans régularité, le JIT ne peut fonctionner. De plus, l’explosion des coûts du réseau rend le coût de l’entreposage soudainement beaucoup moins prohibitif par rapport à celui d’un JIT devenu imprévisible. Plusieurs entreprises et même plusieurs pays commencent à envisager la création de stocks de fournitures « stratégiques ». J’ai appelé ce mouvement le « just in case » (JIC – vivent les acronymes!).
Pour répondre à cette nouvelle réalité, il faudra créer certes un meilleur contrôle des mouvements logistiques pour en diminuer les coûts, mais je pense que plusieurs entrepreneurs offriront aussi des solutions qui passeront par de l’entreposage stratégique visant une meilleure sécurité d’approvisionnement. Je prévois que cette vague sera décentralisée géographiquement et que certaines initiatives d’entreposage mutualisé – actuellement une idée difficile à vendre dans nos mœurs – verront le jour.
Les avantages pour nos parcs industriels sont multiples. Ces entités seront hébergées dans des bâtiments imposants générant des revenus de taxation importants et pérennes. Elles créeront peu d’emplois, mais ces emplois seront bien rémunérés. En pénurie de main-d’œuvre, cette dernière constatation est intéressante (création de richesse foncière sans pression sur la disponibilité de main-d’œuvre).
Mais surtout, le principal avantage sera l’opportunité pour les entreprises locales de fabrication d’avoir à leur disposition un endroit pour entreposer leurs stocks stratégiques, le cas échéant.
Sommes-nous prêts à accueillir ces nouveaux joueurs (réglementation, offre immobilière)? Peut-on préparer nos principaux fabricants locaux à envisager des solutions mutualisées d’entreposage pour continuer d’assurer leur viabilité? Est-ce que nos firmes locales de courtage et de transport ont des initiatives à cet égard? Quelles sont leurs réponses et leurs projets à ce titre?
Il est clair que les parcs industriels qui sauront répondre adéquatement à ces questions auront un avantage concurrentiel d’attraction et de rétention dans le futur immédiat.
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