On dit depuis quelques années que la mesure du PIB ne reflète plus la réalité de la vigueur d'une économie. Il est vrai que cette mesure,« inventée» par Simon Kuznets et popularisée après la Deuxième Guerre mondiale, ne mesure plus qu'une partie de l'économie puisqu'elle ne considère pas les moyens d'échange et les nouveaux paradigmes de l'économie tertialisée.
Certes, il est réconfortant de se dire que la désindustrialisation des économies occidentales n'est pas fondamentalement grave puisque ses effets sont compensés par la vigueur de «l'économie du partage», par l'économie sociale et les autres formes moins avilissantes de l'économie moderne que le PIB au Québec ne mesure pas. Il est également vrai de constater que la créativité, notion absente de la mesure du PIB et la valeur ajoutée, notion restreinte de cette même théorie, sont des paradigmes devenus incontournables des économies modernes.
Mais en cherchant de nouvelles façons de mesurer l'économie tertiaire, on a souvent déduit que la mesure du PIB était totalement inutile. C'est jeter le bébé avec l'eau du bain car rien n'est plus faux. Le rejet systémique de la mesure a laissé l'impression que la production manufacturière devenait marginale dans l'évaluation de la richesse d'un pays. On a été heureux de rejeter l'économie de la production et son image de l'asservissement du prolétariat et de la pollution galopante. La «walmartisation» de la main-d'oeuvre et la globalisation de la pollution sont là pour nous rappeler que la tertiarisation de l'économie occidentale n'est pas la panacée que l'on attendait.
D'ailleurs, comme le PIB mesure la «production» et surtout la «production de biens», il reste bien adapté à la mesure de l'activité industrielle. Au Canada par exemple, il nous permet de constater que notre balance commerciale, jadis systématiquement positive, souffre d'anémie chronique. Si la solution n'est pas simple, il est clair que ce déficit désormais structurel est le symptôme d'une équation simple à comprendre: la valeur ajoutée de nos exportations ne fait plus le poids sur la valeur ajoutée de nos importations. Donc, tant que nos chaînes de valeur manufacturières resteront tronquées, tant que nous ne transformerons pas davantage de matières premières ici, ce nouveau paradigme restera une marque de notre économie.
Paradoxalement, c'est la tertiarisation de l'économie occidentale qui exacerbe le phénomène. La valeur ajoutée se déplace vers le haut dans la chaîne de valeur, l'extraction et la première transformation ne génèrent plus que des rendements nominaux tout en mobilisant d'importants investissements alors que des investissements souvent minimes génèrent des rendements colossaux dans la deuxième et troisième transformation, la distribution et le service.
À notre niveau, le défi est donc double:
Faire connaître la nouvelle image d'une industrie de production propre, incontournable et axée sur le parachèvement local des chaînes de valeur en proposant des aménagements industriels adaptés à ce nouveau paradigme;
Rechercher des entreprises «transversales», donc flexibles et regroupées vers le haut des chaînes de valeur. Cette notion de «transversalité» est fondamentale si l'on veut changer la façon dont on développe notre économie en ce qu'elle définit la nécessité pour les entreprises à servir des clientèles B2B réparties sur plusieurs chaînes de valeur avec des produits à haute valeur ajoutée dont le coût de diffusion géographique demeure relativement faible.
Les parcs industriels les plus intéressants qui se dessinent actuellement respectent ce nouveau paradigme déployé, entre autres, autour de l'économie circulaire. On en reparlera dans un prochain blogue!
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