De plus en plus, les villes ou les autorités de développement économique sont appelées à gérer les parcs industriels du Québec. Cette expression couvre plusieurs réalités qui diffèrent énormément d’une région à l’autre ou d’une ville à l’autre. Elle va de l’animation des activités des entreprises du parc jusqu’à la gestion de l’immobilier ou de l’entretien et de la construction des infrastructures.
De plus, le concept varie grandement selon les pays où il est appliqué. Ainsi, la gestion d’un parc industriel américain n’est pas la même que celle d’un parc européen ou asiatique.
Au Québec, comme au Canada d’ailleurs, on fait un peu figure de parent pauvre à ce titre dans la mesure où les autorités publiques d’ici n’ont jamais considéré que la gestion d’un parc industriel différait de celle d’accompagnateur, au même titre que la gestion d’un développement résidentiel ou commercial. Or, on constate, en observant ce qui se fait par ailleurs dans le monde, que la planification et la gestion d’un parc industriel en santé sont ensemble une proposition beaucoup plus pérenne que celle d’un développement commercial ou résidentiel.
Elles pourraient en fait s’apparenter un peu à la planification et la gestion d’un équipement public (aréna, bibliothèque, parc public) dans la mesure où ce lieu d’accueil est essentiel à la qualité de vie des citoyens. Cette vision, pour révolutionnaire qu’elle puisse paraître ici, est en passe de devenir la norme, notamment en France. Il suffit de consulter le site de PALME France (voir site web) pour s’en convaincre. Cette association, qui a une antenne québécoise, milite pour une gestion intégrée des « parcs d’activités », comme on les appelle en France.
On s’aperçoit à l’usage que l’intervention articulée et intégrée des parcs industriels conduit à une gestion plus efficace des préoccupations des entreprises qui y sont hébergées (mise en commun des sources d’énergie, mutualisation des espaces d’entreposage, des services aux employés, de l’assurance, des déchets et donc de l’économie circulaire, etc.). Mais, en même temps, la gestion publique des parcs a fait ressortir des utilisations plus communautaires des espaces de vie des parcs industriels. Ainsi, les promoteurs immobiliers privés, associés au développement des parcs d’activité, ont embarqué dans cette démarche de rapprochement avec les communautés dans lesquelles ils œuvrent. Le Groupe Barjane (voir site web) en est un bon exemple, lui qui s’associe à des initiatives d’agriculture urbaine, et d’expériences culturelles ou citoyennes sur les terrains qu’il occupe.
Que peut faire la ville pour intensifier son implication de gestionnaire
D’abord reconnaître son rôle de partenaire du développement industriel plutôt que celui d’arbitre du développement qu’elle exerce dans le développement résidentiel ou commercial. Ce rôle de partenaire se traduit nécessairement par une participation plus étroite au financement des infrastructures nécessaire au parc industriel. On voit déjà cette tendance chez nous alors que, contrairement aux ensembles résidentiels, le coût de viabilisation (routes, égout, aqueduc, fibre, etc.) est absorbé par les autorités municipales.
Ensuite, comprendre que le développement du parc dépendra aussi d’un bon promoteur immobilier dont le partenariat à ce titre doit faire l’objet d’un protocole. Nous n’avons pas de promoteur équivalent à Barjane au Canada, mais plusieurs des principaux promoteurs sont prêts à des ententes de développement avec des autorités publiques, le cas échéant. Ces ententes définissent les responsabilités autant financières que promotionnelles en regard du développement du parc qui en fait l’objet et détermine l’horizon de parachèvement.
Finalement, bien définir les étapes du développement du lieu et pour chacune d’elles, étayer les responsabilités de chacun des partenaires en matière de :
Planification de l’aménagement ;
Structure de gouvernance ;
Construction des infrastructures ;
Achat et vente des terrains ou modalités de location des immeubles locatifs
Politique d’attraction et de rétention d’entreprises (définition des chaînes de valeur ciblées et type de bâtiment y associé) ;
Politiques de promotion et de vente (accueil, budget et responsables) ;
Politiques d’entretien et de gestion des infrastructures (remplacement, mutualisation, incubation, etc.) ;
Animation des activités professionnelles, sociales ou culturelles du parc (pour favoriser le sentiment d’appartenance des entreprises et de leurs employés – l’exemple du Parc technologique de Québec (PTQM) est probant à cet égard).
En bref, un parc industriel n’est plus un simple endroit où on parque des bâtiments industriels pouvant servir à toutes les sauces. C’est de plus en plus un milieu de vie où se déroulent certes des activités économiques, mais où on laisse aussi une place aux activités sociales, environnementales et culturelles dynamiques et enrichissantes.
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